V  comme  vie


J'étais trop petite pour comprendre...

On ne m'a pas dit.

On ne m'a pas parlé.

On ne m'a jamais expliqué.


 

Pas de mots.

Pas de mots pour moi.

Pas de mots de moi.

Il ne me reste que les maux.


Des souvenirs douloureux

sans pouvoir mettre de mots sur cette douleur.

 

Alors, la douleur cherche à s'exprimer.

Alors, la douleur peut se manifester dans le corps.

Alors, le corps se fait « lanceur d'alerte ».

Alors, le corps se fige dans l'attente de la délivrance.

 

 

Mon corps s'est peut-être emballé.

Mon corps s'est peut-être déréglé,

sous le poids des non-dits,

devant tant de souffrances.


Mon corps a été probablement le premier à exprimer ces émotions,

pour m'amener à l'écouter, enfin,

pour m'amener à m'interroger,

pour m'amener à me questionner,

pour m'amener à m'intéresser,

pour m'amener à traiter toutes ces émotions.

...



Ma vie,

une succession de changements,

certains subis, incompris,

d'autres choisis, assumés.

Ma vie,

une succession de séparations,

une succession de naissances.


Des cycles tout au long de ma vie,

faits de nouvelles naissances,

de véritables renaissances,

suivis de périodes heureuses,

puis d'une lente descente vers des périodes plus sombres,

comme si le bonheur s'épuisait,

comme si je consommais tout trop vite, trop mal,

jusqu'à toucher le fond,

pour enfin rebondir.


Mon corps aussi,

à l'image de ma vie,

successions de désordres et de quiétude,

alternances de moments de répits et de douleurs,

au même rythme que mes cycles de vie,

comme si mon corps cherchait à exprimer les souffrances,

avant même que mon esprit ne les perçoive,

comme si mon corps et mon esprit jouaient à cache-cache,

un jour, c'est mon mental qui ne va pas,

un autre jour, c'est mon corps qui lâche.

En hôpital de jour,

un long travail

sur mon corps,

sur mes émotions,

sur ma vie,

sur mon histoire,


Finalement,

cet EM/SFC,

mon besoin de m'en sortir,

mon besoin d'avancer malgré ce syndrome,

mon envie de comprendre,

mon envie d'aller mieux,

m'ont donné l'occasion de me lancer dans ce gros travail sur moi.


Et aujourd'hui,

après avoir détricoté ma vie,

après avoir démêlé les nœuds de mon existence,

jusqu'au bout de ce que je peux aller,

assez pour ne pas retomber dans les mêmes pièges,

suffisamment pour gagner en solidité et en sérénité,

suffisamment pour mieux me connaître,

suffisamment pour respecter mes besoins,

 


je peux me tricoter une nouvelle vie,

ma vie.


Photos

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